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L'hôpital

À gauche, les vestiges de la cuisine et de l’hôpital qui donnaient sur la cour intérieure derrière la maison des pères.

À gauche, les vestiges de la cuisine et de l’hôpital qui donnaient sur la cour intérieure derrière la maison des pères.

LA SANTÉ DES ESCLAVES

L’hygiène de vie et les conditions de travail des esclaves les exposaient à de nombreux problèmes de santé. Les accidents étaient fréquents. Dans les sucreries, par exemple, les amputations de membres, happés par les rouleaux des moulins, et les brûlures graves subies dans les chaufferies étaient courantes. Les maladies comme la lèpre, le pian, le paludisme, la fièvre jaune et les maladies vénériennes touchaient un très grand nombre d’esclaves. Les nouveau-nés étaient souvent atteints de tétanos, tandis que plusieurs femmes mourraient en couches. Il fallait donc prévoir un hôpital ou une infirmerie pour soigner les malades, les aliter si nécessaire et isoler les contagieux. À Loyola, la direction de l’hôpital était assurée par un jésuite, aidé par des esclaves-infirmiers formés par les religieux.

L’espérance de vie d’un esclave guyanais était inférieure à dix ans. À la fin du 18e siècle, Jean Samuel Guisan écrit :

« Les esclaves se renouvellent tous les sept ans dans les colonies malsaines et dix ans au plus tard dans les colonies plus saines; le nombre de ceux qui périssent dans la traversée est très considérable; enfin, il y a très peu de ces malheureux qui parviennent à un âge avancé, les travaux, la contrainte, le chagrin abrègent leurs jours. »

Vestiges restaurés de l’hôpital.

Vestiges restaurés de l’hôpital.

Plan des vestiges de la cuisine et de l’hôpital. Infographie Andrée Héroux.

Plan des vestiges de la cuisine et de l’hôpital. Infographie Andrée Héroux.

UN HÔPITAL BIEN CHAUFFÉ

L’hôpital occupait 12,4 m sur 5,2 m, mesures intérieures, dans le bâtiment en pierre de 21,44 m sur 6,7 m qui abritait également la cuisine. Les archéologues ont repéré le seuil de deux portes ouvrant sur la grande cour et trouvé quelques fragments du carrelage intérieur. Les portes donnaient respectivement accès à la salle des hommes et à celle des femmes, qui étaient probablement séparées par une cloison de bois.

La chaleur de l’âtre et du four à pain de la cuisine, adossés au mur de refend, se diffusait dans l’hôpital. Cet agencement des lieux était lié aux croyances médicales anciennes qui attribuaient à la chaleur des vertus thérapeutiques. De plus, les esclaves étaient habitués à vivre dans une atmosphère confinée, car ils avaient coutume d’entretenir un feu dans leurs cases fermées de tous côtés. L’hôpital, comme la cuisine, était sans doute desservi par l’aqueduc.

Les objets recueillis dans ce secteur se rattachent tant à l’alimentation qu’à l’hygiène : bouteilles, écuelles, jarres, pots de chambre. Les archéologues pensent avoir identifié l’emplacement de petites latrines contre le mur pignon de l’hôpital.