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L’indigoterie

L'indigoterie

LA FABRICATION

L’indigo a été cultivé en Guyane pendant tout le 17e siècle, mais cette culture a occupé une place secondaire, loin derrière le roucou ou le coton. La manufacture de ce colorant était délicate et on pouvait échouer à chaque étape de sa préparation. De plus, il semble que l’abondance des pluies en Guyane rendait difficile la concentration des matières colorantes.

La fabrication de l’indigo demandait de grandes quantités d’eau douce et limpide. Les indigoteries étaient établies de préférence dans des lieux isolés à cause des mauvaises odeurs et de la pollution des eaux qu’elles entraînaient.

L’équipement d’une indigoterie était habituellement constitué de trois bassins communicants placés à différentes hauteurs. Ces bassins étaient presque toujours précédés d’un réservoir pour décanter l’eau. Le premier bassin, nommé trempoire ou pourriture, servait à la fermentation des plantes. La macération était ensuite brassée dans un deuxième bassin, la batterie, à l’aide de pelles ou de perches; c’est à ce moment que les particules d’indigo s’unissaient pour former ce qu’on appelait le grain. Par la suite, le produit précipité était recueilli dans une dernière cuve : le diablotin ou reposoir.

La boue d’indigo était placée dans des sacs de grosse toile qui étaient suspendus à un râtelier pour l’égouttage, puis la pâte était mise à sécher dans des caissons de bois. L’indigo durci ou pierre était enfin coupé en petits cubes et mis en barriques pour son expédition.

Bassin d’une indigoterie du 18e siècle. Illustration Yannick Le Roux, d’après Beauvais-Razeau, L’Art de l’indigotier, 1770.

Bassin d’une indigoterie du 18e siècle. Illustration Yannick Le Roux, d’après Beauvais-Razeau, L’Art de l’indigotier, 1770.

Fouilles de l’indigoterie.

Fouilles de l’indigoterie.

UN ENSEMBLE COMPLET

L’indigoterie de Loyola, située à environ deux kilomètres de la maison des pères, utilisait l’eau du ruisseau de Rémire. Les travaux archéologiques ont mis au jour l’ensemble des installations.

La construction présente un plan en T de 11,75 m sur 7,10 m et devait être protégée par une toiture de bardeaux. On a identifié une aire de travail, un possible réservoir d’eau et deux grands bassins : la trempoire et la batterie. On note l’absence de diablotin.

Le réservoir, qui mesure 2,48 m sur 2,30 m à la base, a conservé quelques éléments de carrelage et des briques de revêtement des parois.

La trempoire mesure 2,42 m sur 2,60 m et devait avoir une profondeur initiale de 0,50 m environ. Le fond est recouvert de carreaux de terre cuite. Les murs en pierre sont enduits d’un mortier de tuileau qui en assurait l’étanchéité. Un tuyau, probablement un ancien canon de fusil, permettait l’écoulement de la macération vers la batterie.

La batterie mesure 2,38 m sur 2,04 m et devait avoir une profondeur initiale de 1,50 m. Le fond est un dallage de briques, matériau plus épais qui résistait mieux que les carreaux au mouvement des perches. Les murs sont également revêtus d’un mortier étanche de tuileau. La vidange se faisait grâce à deux tuyaux superposés. Le tuyau supérieur servait à l’écoulement de la partie liquide. Le tuyau inférieur permettait d’évacuer le grain déposé au fond du bassin. Autre hypothèse, la partie liquide était vidée par le tuyau supérieur tandis qu’on recueillait manuellement le grain au fond du bassin. Le tuyau inférieur n’était alors utilisé que pour vidanger les eaux de rinçage de la batterie.

Un fossé d’évacuation des eaux de l’indigoterie allant vers le ruisseau a été repéré à la sortie de la batterie.