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Une habitation agricole coloniale

Une habitation agricole coloniale

Vue du vallon de Rémire vers 1690. L’habitation des jésuites est désignée par le chiffre 16. Goupy des Marets, Bibliothèque municipale de Rouen, fonds Coquebert de Montbret.

Vue du vallon de Rémire vers 1690. L’habitation des jésuites est désignée par le chiffre 16. Goupy des Marets, Bibliothèque municipale de Rouen, fonds Coquebert de Montbret.

L’HABITATION

L’habitation a d’abord été une exploitation agricole coloniale, régie par le système des concessions, dont la vocation première était de produire des denrées pour l’exportation.

Cette définition va évoluer et surtout s’élargir. Moins d’un demi-siècle après les premiers établissements, on constate que le terme s’applique aussi à des propriétés privées qui échappent aux contraintes du système concessionnaire et ne produisent pas de denrées commerciales.

L’habitation de Jean-Antoine Brûletout de Préfontaine à Cayenne. Maison rustique…, 1763, Archives départementales de la Guyane, Cayenne.

L’habitation de Jean-Antoine Brûletout de Préfontaine à Cayenne. Maison rustique…, 1763, Archives départementales de la Guyane, Cayenne.

 

La récolte et le transport de la canne à sucre. Dessin Patrice Pellerin.

La récolte et le transport de la canne à sucre. Dessin Patrice Pellerin.

L’HABITANT

Deux groupes coexistent dans l’espace de l’habitation : les propriétaires et travailleurs européens et les esclaves africains. Bien qu’extérieurs à cet univers, les Autochtones y jouent également un rôle important, qui se manifeste dans plusieurs aspects matériels de l’établissement. Cette société multiethnique est caractéristique du monde colonial américain.

L’ancienneté de l’habitant sur le sol américain fonde, autant que sa réussite économique, son statut social. Les enfants nés en Amérique sont qualifiés de créoles, ce qui marque leur enracinement dans la colonie. Dans la hiérarchie, on distingue les « grands habitants », qui possèdent au moins une centaine d’esclaves, des « petits habitants », qui possèdent habituellement quelques dizaines d’esclaves, mais parfois aucun.

Les grands habitants se sont surtout consacrés à la culture de la canne à sucre et, plus tard, à la mise en valeur des terres basses. Cette catégorie ne regroupera qu’une vingtaine de familles. Les petits habitants, de loin les plus nombreux, se sont adonnés à des cultures moins prestigieuses, comme le coton, le cacao et le roucou. Enfin, il existe une dernière classe, qui regroupe ces habitants qui ont un ou deux esclaves à leur service, mais souvent aucun, et produisent des vivres pour leur seule subsistance.

Le titre d’habitant s’accompagne de privilèges plus ou moins étendus suivant le statut social du colon. Tout le monde aspire à cette distinction. Ceux qui ne sont pas habitants connaissent des difficultés à se loger et se nourrir; ils sont perçus comme étant en marge de cette communauté justement nommée « société d’habitation ».