La forge
DES OUTILS VARIÉS
La forge était une construction en pierre de 18 m sur 8 m. Certaines caractéristiques de l’aménagement nous sont connues grâce aux quelques sondages effectués dans le bâtiment. Le sol était en terre battue. Une plateforme en gros moellons de 1,3 m sur 2,35 m, adossée au mur de refend central, est interprétée comme étant le soubassement du foyer. De nombreuses barres de fer d’environ un mètre de longueur ont été découvertes sur cette plateforme.
Les objets mis au jour dans la forge sont disparates : outils agricoles, garde d’épée, pontet de fusil, baïonnette, écumoire, tamis. Plusieurs de ces objets pourraient témoigner de la présence militaire à Loyola en 1763-1764, au moment où l’habitation était occupée par les soldats du régiment de Saintonge.
À l’extérieur, des centaines de fragments d’objets en fer ont été recueillis dans ce qui semble être un dépotoir. La présence de scories et de charbon à cet endroit aurait contribué à la conservation du métal. Ces objets étaient destinés à être réparés ou recyclés, car le fer était une matière importée jugée très précieuse.
Ces découvertes archéologiques permettent de jeter un regard sur le travail de la forge et les activités mises en œuvre à Loyola. La transformation du métal est illustrée par du fer en barres, un fragment de bigorne, des limes, des pinces et des marteaux. Des outils comme des houes, des plantoirs, des serpes et des haches reflètent la production agricole; l’abondance de serpes et de haches montre que leur usage était fréquent, entre autres pour le déboisement. Un cul d’œuf, sorte d’écrou à base sphérique, et des coins ont pu être utilisés aux moulins à broyer. La chasse et la pêche sont représentées par des pièces de fusils, un gros hameçon et les pointes d’un grappin ou d’une ancre. On note également des poids de balance, un cadenas, une clé, des ciseaux, des lames de couteau et d’épée, une truelle et divers articles de quincaillerie d’architecture.
TECHNIQUES DE FORGEAGE ET COMPOSITION DU FER
L’analyse métallurgique indique que plusieurs forgerons de compétences inégales ont travaillé en même temps ou successivement à la forge. La maîtrise des techniques faisait souvent défaut; plusieurs outils tranchants, par exemple, étaient dépourvus du taillant de fer aciéré nécessaire à leur fonction.
Une comparaison de la composition du fer de certains outils avec celle des barres de matière première révèle que plusieurs ont été forgés sur place. Les jésuites s’approvisionnaient généralement en fer dans la métropole, mais un des échantillons étudiés provenait des Forges du Saint-Maurice en Nouvelle-France, qui ont commencé leur production en 1738.