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Le contexte historique guyanais

Le contexte historique guyanais

La présence autochtone en Guyane remonte à plus de 6 000 ans. Pierre Barrère, « Indienne et Indien de la Guyane », Nouvelle relation de la France Équinoxiale, 1743.

La présence autochtone en Guyane remonte à plus de 6 000 ans. Pierre Barrère, « Indienne et Indien de la Guyane », Nouvelle relation de la France Équinoxiale, 1743.

Il y a 6 000 ans
LES PREMIÈRES NATIONS

Les découvertes archéologiques font remonter à plus de 6 000 ans la présence autochtone sur le territoire de l’actuelle Guyane française. Vers 3 000 ans avant aujourd’hui, les premières populations agricoles adoptent le manioc, comme d’autres groupes de la région amazonienne. Peu avant l’arrivée des Européens, la région est dominée par des communautés karib et arawak tandis que des communautés tupi-guarani occupent l’intérieur des terres.

Des tessons de céramique et de l’outillage lithique recueillis à Loyola attestent que des groupes autochtones y ont vécu avant l’arrivée des colons européens.

1499-1604
LES PREMIERS CONTACTS

Au cours du 16e siècle, des pêcheurs et des marchands français fréquentent le territoire de la Guyane. L’équilibre des échanges expliquerait l’absence relative de conflits entre Français et Autochtones durant cette période.

1604-1674
DES COMPAGNIES COMME EN NOUVELLE-FRANCE

En 1604, l’expédition du sieur de La Ravardière, soutenue par Henri IV, inaugure l’histoire de la France Équinoxiale. Le roi de France revendique ces nouvelles terres disputées par plusieurs pays et qui seront le théâtre de nombreux conflits européens.

Des compagnies normandes

Pour le peuplement de la Guyane, la France s’en remet à des compagnies privées qui s’engagent, contre des avantages commerciaux, à faire venir des colons. De 1624 à 1651, les compagnies normandes se succèdent, mais les tentatives d’établissement échouent. Plusieurs colons sont des protestants d’origine normande cherchant asile en Amérique.

La Compagnie de Paris

Fondée en 1651, la Compagnie de Paris s’investit à son tour en Guyane. Cette fois, les statuts de la compagnie mentionnent l’obligation d’envoyer des ecclésiastiques pour la conversion des Indiens infidèles et de développer des colonies catholiques. Le premier document permettant l’établissement des jésuites en Guyane remonte à cette date.

Les seigneurs de la Compagnie de Paris s’octroient des terres de part et d’autre du ruisseau de Rémire et réservent, près de la pointe Mahury, un grand terrain pour une habitation sucrière. La prise d’un navire anglais fournit les premiers esclaves africains. L’établissement de Rémire, qui connaît de graves dissensions internes et subit le harcèlement des Autochtones, est abandonné en 1653.

L’occupation hollandaise

C’est pendant l’occupation hollandaise, de 1654 à 1663, que l’agriculture prend son essor en Guyane. Un groupe de colons juifs s’installe sur les terres abandonnées par les Français. Ils construisent un moulin à sucre hydraulique dans le vallon de Rémire, puis un moulin à bêtes près de Cayenne. Daniel Guérin Spranger, chef hollandais de la colonie de Cayenne, exploite également une grande habitation à Matoury.

La Compagnie des Indes occidentales

En 1663, une nouvelle compagnie est formée dans le but de reprendre Cayenne aux Hollandais et fusionne avec la Compagnie des Indes occidentales. La colonie redevient française en 1664. L’autorité royale réaffirme alors le caractère religieux de l’entreprise de peuplement :

« Nous considérons, dans l’établissement des dites colonies, principalement la gloire de Dieu en procurant le salut aux Indiens et sauvages aux quels nous devons faire connaître la vraie religion ».

Les jésuites s’installent en Guyane en même temps que la Compagnie, en 1665, avec un objectif missionnaire auprès des nations autochtones.

En 1667, les Anglais détruisent la colonie et s’emparent de tout ce qu’ils jugent intéressant. Les chaudières et les mécanismes des moulins sont emportés et les juifs de Rémire, aux compétences techniques si précieuses, sont déplacés au Surinam. La Compagnie avait déjà interdit l’île de Cayenne aux Autochtones et, après l’incursion anglaise, elle s’empare des terres des juifs déportés, sous prétexte d’abandon.

Les résultats économiques de la colonie seront bien inférieurs aux prévisions de ses directeurs, ce qui entraînera la décision de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, de réunir les terres de la compagnie à la Couronne.

1674-1764
LA SUPRÉMATIE DES JÉSUITES

À compter de 1674, le territoire de la Guyane est considéré en quelque sorte comme une province de France. La colonie est administrée par un gouverneur, assisté d’un intendant chargé des affaires courantes et des finances. La Marine royale, enfin opérationnelle, donne à Colbert les moyens de sa politique coloniale. C’est ainsi qu’en 1676 le vice-amiral d’Estrée reprend la Guyane aux Hollandais qui s’en étaient emparés la même année.

La première moitié du 18e siècle est dominée par le rôle actif des jésuites. Leur interdiction en 1763 marque un tournant dans l’histoire guyanaise. La France vient de perdre la guerre de Sept Ans et une très grande partie de son premier empire colonial. L’expédition de Kourou débute en 1763. Cette vaste entreprise de colonisation destinée à compenser la perte de la Nouvelle-France provoque l’afflux de près de 15 000 personnes inexpérimentées qui ne trouveront en Guyane que la misère et la mort.

 

L’économie de la colonie guyanaise était dépendante des politiques de la métropole. Le port de La Rochelle, attribué à Francis Swaine.

L’économie de la colonie guyanaise était dépendante des politiques de la métropole. Le port de La Rochelle, attribué à Francis Swaine.

1764-1794
DES VIVRES ET DES ÉPICES

Le retour des compagnies privées marque cette période; celles-ci vont se succéder, bénéficiant d’importants capitaux malgré leur insuccès.

Les administrateurs coloniaux souhaitent que la Guyane approvisionne les Antilles, surtout orientées vers des productions spéculatives non vivrières. Ils encouragent la culture du manioc et l’élevage extensif, mais les progrès sont limités à cause de l’infertilité des sols. En Guyane, on a toujours choisi d’exploiter les terres hautes bien exposées, mais d’une fertilité fragile et temporaire. Bien que très prometteuses, les expériences de poldérisation des terres basses, menées avec succès par Samuel Guisan, sont compromises par les intrigues de certains administrateurs et les troubles révolutionnaires qui touchent la Guyane à la fin du 18e siècle.

C’est également pendant cette période que l’on tente de développer la culture des épices pour détruire le monopole hollandais. Une épicerie royale modèle est établie à la montagne Gabrielle. Le marquis de La Fayette, membre de la Société des amis des Noirs, acquiert ce domaine en 1786. Il veut y réaliser une expérience préabolitionniste, en transformant les esclaves en ouvriers salariés, mais les troubles révolutionnaires l’empêchent de mener à bien son projet.

La population de la Guyane, inférieure à 1 000 personnes à la fin du 17e siècle, en compte plus de 10 000 un siècle plus tard; les esclaves constituent près de 90 % de ce nombre.

1794-1802
LA RÉVOLUTION ET LA PREMIÈRE ABOLITION DE L’ESCLAVAGE

Le fait le plus marquant de la Révolution française en Guyane est l’abolition de l’esclavage en 1794. Les habitations, fondées sur le système esclavagiste, périclitent ou disparaissent. La colonie devient aussi une terre de déportation des prêtres, monarchistes et révolutionnaires en disgrâce.

1802-1848
LE RÉTABLISSEMENT DE L’ESCLAVAGE ET LA CRISE DE L’INDUSTRIE SUCRIÈRE

Avec le retour de l’esclavage, en 1802, plusieurs anciens esclaves refusent de rejoindre les ateliers. Le début du siècle est difficile : la colonie cesse ses exportations de sucre, la production étant insuffisante et de mauvaise qualité par rapport à celle des Antilles.

De 1809 à 1817, l’occupation portugaise apporte aux colons un savoir-faire, des techniques et des moyens financiers qui favorisent le redémarrage des habitations. Après la rétrocession de la Guyane à la France, les autorités coloniales désirent rentabiliser les exploitations agricoles. Elles encouragent l’utilisation de machines à vapeur, un développement technologique qui entraîne une augmentation des surfaces en culture. Vers 1830, la production sucrière assure à la Guyane une rentabilité économique de courte durée. La surproduction provoque la chute des cours mondiaux de cette denrée. Avec l’apparition du sucre de betterave en France, une lutte acharnée s’engage entre les industriels coloniaux et métropolitains

1848-1946
LA FIN DE L’ESCLAVAGE ET LE MANQUE DE MAIN-D’ŒUVRE

La suppression de la traite négrière en 1815 puis l’abolition définitive de l’esclavage en 1848 entraînent la disparition des grandes habitations guyanaises qui s’étaient montrées impuissantes à trouver une solution de remplacement. La majorité des anciens esclaves quittent les habitations, les cultures spéculatives faisant place à l’autosubsistance. La politique d’immigration instaurée pour recruter une nouvelle main-d’œuvre connaîtra peu de succès.

Le cycle de l’or

La découverte de gisements aurifères sur l’Approuage, en 1852, déclenche une ruée vers l’or. La Guyane, délaissant l’économie agricole, tirera désormais l’essentiel de sa richesse de cette ressource providentielle. Après la Première Guerre mondiale, la chute des cours et l’épuisement des gisements mettent fin à cet âge doré.

Le bagne

Le principe du bagne repose sur une idée humaniste : la réinsertion sociale par le travail des personnes condamnées à de lourdes peines. Dans les faits, cette grande idée s’est soldée par un échec total qui marque encore la Guyane.

Dès la fondation du bagne, en 1852, les jésuites sont sollicités pour assister spirituellement les prisonniers. Une épidémie de fièvre jaune décime cependant les religieux et l’idée d’un retour de la communauté en Guyane est abandonnée.

À la fin du 19e siècle, le bagne n’est plus qu’une vaste prison offrant des conditions inhumaines. Il sera supprimé en 1936 et déménagé définitivement en 1953.

1946-
LA DÉPARTEMENTALISATION

La Guyane devient un département français en 1946. Un vaste chantier s’ouvre alors pour rattraper les retards en matière d’infrastructure et d’administration. Le département connaît une progression démographique rapide, passant de 50 000 personnes vers 1950 a plus de 250 000 aujourd’hui.

En 1965, la création d’une base spatiale à Kourou donne une impulsion nouvelle et une image moderne à la Guyane. Le succès de la fusée Ariane entraîne la mise en œuvre de nouveaux programmes de développement. Malgré des potentialités économiques remarquables dans le domaine des bois, de la pêche et de l’or, le secteur tertiaire occupe aujourd’hui une place dominante.