Les jésuites à Loyola
LES DÉBUTS
L’habitation Loyola a été fondée en 1668 et agrandie à plusieurs reprises jusqu’à atteindre une superficie de 1 000 hectares. Même si de nombreux documents déplorent la médiocrité de ses revenus, l’importance des productions était à la mesure de cette immense habitation.
L’ÂGE D’OR
Les années 1730 marquent l’apogée de l’œuvre des jésuites en Guyane et la mission de Cayenne est érigée en préfecture apostolique. Loyola était alors le premier producteur de sucre, de café et de cacao de la colonie. Vers 1737, ses récoltes de café et de cacao représentaient la moitié de la production de la Guyane. La poterie et la forge, en plus de répondre aux besoins de l’établissement, fournissaient Cayenne et les petites habitations de la région. En 1740, la culture de l’indigo a été implantée à Loyola et son indigoterie était considérée comme un modèle. Toutes ces activités agricoles, artisanales et manufacturières procuraient aux jésuites d’importants revenus destinés à développer leurs missions chez les populations autochtones d’Amérique du Sud.
UN RALENTISSEMENT
À partir de 1745, Loyola présente des signes de stagnation, une conséquence des guerres européennes, de la chute des prix du café et du cacao et de l’épuisement des sols de l’habitation. C’est le moment où la sucrerie se reconvertit dans la production de mélasse et la distillation de tafia, le peu de sucre fabriqué étant réservé à la consommation locale. L’activité sucrière cesse vers 1755, date du déménagement de la sucrerie à l’habitation Saint-Régis.
Les résultats de la culture de l’indigo sont médiocres, mais l’implantation du coton s’annonce intéressante. Beaucoup de terrains consacrés à la canne à sucre seront convertis à la culture du coton, mais celle-ci n’atteindra sa pleine rentabilité qu’après le départ des jésuites.
L’EXPULSION DES JÉSUITES ET L’ABANDON DE LOYOLA
En 1763, Louis XV interdit la Compagnie de Jésus en France et dans ses colonies. La communauté est déclarée en faillite et ses possessions sont saisies pour rembourser les créanciers. L’évaluation des biens de l’ordre en Guyane présente Loyola comme un établissement d’une étendue impressionnante, qui regroupe environ 500 esclaves.
Dans le cadre de l’expédition de Kourou, qui débute en 1763, l’habitation est réquisitionnée pour héberger des grenadiers du régiment de Saintonge. Le pillage des réserves et la dégradation des bâtiments accompagnent cette occupation militaire de Loyola, qui s’étend de mai 1763 à décembre 1764. Plusieurs fois confirmé par les observations archéologiques, la fin de Loyola se situe vers 1768, date du transfert du centre des activités vers Beauregard, nouvel établissement situé à deux kilomètres au sud.
LE MOULIN À VENT
Après le départ des jésuites, Loyola cesse d’être considérée comme une habitation. Ses terrains continuent toutefois d’être exploités et font l’objet de plusieurs transactions. Le moulin à vent jouera un rôle stratégique dans la défense de la Guyane contre les Portugais en 1809.
Après la restitution du territoire à la France en 1817, les frères Detelle achètent les anciens terrains de Loyola. La nouvelle entreprise agricole, nommée Le Moulin à vent, est axée sur l’exploitation du roucou, du café et du coton. En 1922, une distillerie est mise sur pied; elle deviendra coopérative dans la décennie suivante.
Aujourd’hui, le site archéologique de Loyola et la tour du moulin à vent témoignent matériellement de cet espace colonial à l’histoire complexe.